La petite sœur.

Théo vient de terminer sa lettre au père Noël. Il se dépêche d'aller la poster. Sur le
chemin du retour il pense à sa liste ; un camion de pompier, un déguisement de
clown, un jeu de société où il faut trouver des mots avant le copain, des livres, des
crayons de couleurs et une petite sœur ! Théo est content, il n'a rien oublié, il peut
dormir tranquille et rêver à ce beau noël qui se dessine dans sa tête de petit garçon de
six ans.
Au village du père noël, la lettre de Théo est arrivée parmi des centaines d'autres.
Heureusement, il y a beaucoup de secrétaires qui ouvrent le courrier. Elles ont là pour
faire un premier tri et apporter au plus vite les lettres qu'elles trouvent urgentes.
Comme un petite sœur, ce n'est pas facile à trouver...
Le père noël à la lettre de Théo dans les mains, il doit se mettre tout de suite au
travail. Il commence par réunir les demandes les plus simples. Un camion de
pompier, pas difficile à trouver dans les réserves, c'est un grand classique. Le
déguisement sera confectionné par les lutins couturiers et le jeu de société par un
autre groupe. Les crayons seront fabriqués dans un joli bois de noisetier par les lutins
ébénistes. Pour les livres, la bibliothèque en regorge.
La petite sœur ! Il a bien une jolie poupée dans ses rayons mais il va devoir aller
trouver le sorcier du village, Antioche. Le rendez-vous est fixé et le père noël le
rencontre trois jours plus tard. Il a apporté la poupée et la lui donne. Le sorcier
Antioche entre sans son laboratoire et commence à fouiller dans ses bocaux.
– Que cherches-tu espèce de nouille ? Entends-t-il soudain dans son dos.
– Dis donc, toi la chouette, tu vas la fermer oui. Dis-moi plutôt où se trouve
mon bocal de crottes de fourmis.
– Il est dans la gueule du crocodile dans le fond, regarde.
– Qui l'a mis là ?
– C'est toi, quand tu t'es transformé en écureuil, tu as dû croire que c'était des
noisettes, tu les a planquées pour l'hiver, et comme on le sait les écureuils
cachent tellement de glands et de noisettes qu'ils ne savent plus où ils les
mettent, comme toi, tu ne sais plus ce que tu fais !
Le père Noël intervient :
– Je peux peut-être vous aider, mes elfes peuvent vous prêter mains fortes.
– Mais non, que voulez-vous que je fasse de leurs mains, les miennes me
suffisent amplement, déjà qu'elles font facilement ce qu'elles veulent sans
me prévenir, c'est pour cela que je cherche toujours quelque chose. Tenez,
voyez-vous même !...
Et là, le père Noël voit les mains du sorcier se séparer de ses bras et venir sur lui.
Elles agrippent son manteau et se mettent à vouloir le déshabiller.
– Mais faites quelque chose, intervenez, s'écrit-il. J'ai du travail par dessus la
tête, ce n'est pas le moment que j’attrape froid.
Antioche hausse les épaules.
– Plus vous crierez, plus elles continueront, tenez-vous tranquille !
En effet, prenant un profonde respiration pour se calmer, le père Noël ne bouge plus.
Deux minutes plus tard, « oh,ce n'est plus drôle ! » disent les mains et elles s'en vont
tourner autour du sorcier. Lui aussi, se tient tranquille depuis qu'elles l'ont quitté. La
main gauche vient se mettre au bout de son nez. Elle penche la tête, regarde son œil
droit, puis son œil gauche, elle ne peut résister à l'envie de lui tirer une oreille, puis
elle regarde la main droite et après un petit signe de connivence, elles rejoignent
toutes les deux leur bras respectif.
« Merci, murmure Antioche » .
Sitôt retrouvé ses mains, il recommence à fouiller dans son atelier et tire du fond d'un
tiroir un morceau d'étoffe qu'il place dans le bocal de crottes de fourmis. Aussitôt le
tissu se met à grouiller et un petit nuage de poussière se forme dedans. Antioche pose
le bocal devant un dragon de Komodo qui dort sur un sofa. Il lui tape sur le bout du
nez pour le réveiller. Un œil torve se décolle légèrement, puis le second. Il se redresse
légèrement et se met à bailler. C'est ce qu'attendait Antioche. Le feu qui jailli de la
bouche du dragon lèche le bocal et transforme la poussière en un papillon d'un bel
orange bleuté. Antioche ouvre le bocal et se saisit du papillon. Il prend la poupée et
incruste le beau papillon sur le devant de sa robe.
– Voilà, offrez la à ce petit garçon avec la notice que ma plume de flamand
rose fini d'écrire.
La plume termine sa tâche et on peut lire ceci sur la fiche :
O - MAHO– OO – LMTO – OO – LHO – OO
– Le petit à qui elle est destiné devra fredonner ces lettres tout doucement
avec la poupée dans ses bras.
Satisfait, le père Noël repart avec la poupée.
Le soir de sa tournée arrive. Il fait une halte, comme il se doit, dans la maison de
Théo. Le petit garçon, avant d'aller se coucher a pensé à lui et a posé un verre de lait
et une madeleine près du sapin. Après s'être restauré et avoir déposé les paquets pour Théo,
le père noël s'en va continuer sa tournée.
Le lendemain matin, Théo entend un pin-pon retentir derrière sa porte. Il saute de son
lit et se trouve nez à nez avec un beau camion rouge. Il veut le prendre dans ses bras
mais le camion tourne d'un coup pour aller dans le salon, suivi de près par Théo.
Arrivé devant le sapin, Théo voit des mots sortirent d'une boîte, des crayons qui
dessinent sur les pages de garde que des livres ouvrent doucement, un costume de
clown qui amuse toute la troupe et une jolie poupée, assise, le sourire aux lèvres et
qui regarde cette farandole. Un papier est accroché à sa robe. Doucement, Théo la
prend et la pose sur ses genoux. Il regarde les lettres écrites sur le papier. Il sait
presque tout son alphabet et il lit d'abord dans sa tête. Puis, il recommence en
murmurant doucement :
O – MAHO – OO – LMTO – OO – LHO – OO
A peine fini les derniers OO, il entend un petit gazouillis. La poupée se met à bouger.
Elle tourne la tête, toujours lovée dans les bras de Théo et elle dit en le regardant dans les yeux « MAMTO ».
Le camion de pompier se met à jouer une jolie valse et Théo et Emma dansent au
milieu des mots et des dessins. Le clown prend un bandonéon pour les accompagner !
Jamais Théo n'eut de plus merveilleux noël !
Depuis, il vit un grand bonheur, en famille, avec sa petite sœur !