Notre ami Néo.

Néo
Quarante neuf kilos au mieux de sa forme, dix de moins, neuf ans plus tard. Notre tas de poils sur pattes est mort !
Néo, il s’appelait, Matrix oblige.
Neuf ans, il est parti. Il avait rendez-vous chez le vétérinaire. Il a voulu éviter de choquer les enfants en fermant les yeux à la maison, mais c’est plus difficile pour les parents.
Trente neufs kilos. Il a retrouvé son sourire dans la mort, celui qui l’avait quitté depuis des mois, calme, serein. Nous l’avons ramené. Il a une belle sépulture dans un terrain de famille, entouré de genêts sauvages, il sera fleuri tous les ans. Sur cette tombe, sa petite maîtresse de sept ans pourra se recueillir, lui offrir de nouveaux dessins au gré de ses envies, de ses besoins. Elle pourra aller lui parler quand le vide sera trop grand. Elle ne vivra ce que j’ai vécu, au même âge, quand mon Boule n’est pas revenu de chez le « docteur pour chien », elle ne priera pas pendant des semaines, le soir, pour qu’il revienne.
Ce n’était pas un chien de poche, notre grosse peluche de canapé, encombrant pour tout dire. Allez faire un câlin à cinquante kilos de muscles, il faut avoir de bons abdominaux. Et quand il arrivait à toute vitesse pour vous saluer ou vous sauter au cou, on avait vite fait de se retrouver sur le cul !
Cinquante kilos de tendresse. Cinquante kilos de désagréments, il faut l’avouer. Cinquante kilos d’attirance pour ses congénères filles. Il plaisait aussi aux humains, combien de fois avons-nous entendu, lors de ballades : « il est beau ce chien, on dirait un gros nounours, c’est quelle race ? «. Croisé terre-neuve et boxer, noir et blanc, les pattes palmées, il a eu des cours de sauvetage en rivière, heureusement inutiles.
Neuf ans de compagnie, c’est long dans une vie d’aspirateur, mais ce fut court dans les nôtres !
OUI, elle était belle, cette bête à chagrin.