ATELIER D'ECRITURE
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Message  claudine Mar 16 Mar 2010 - 21:09

L’atelier était plein de l’odeur puissante des roses et quand une légère brise d’été souffla parmi les arbres du jardin, il vint par la porte ouverte la senteur lourde des lilas et le parfum plus subtil des églantiers…
Michel est devant son chevalet, le bouquet de roses noires posé devant lui le contrarie. Pourquoi a-t-il accepté de faire cette toile ? Il n’aime pas les roses, encore moins les roses noires. Il n’aime que la vie et ses couleurs éclatantes qui prennent tous leurs sens sous ses pinceaux. Les roses ne vivent que l’espace d’un matin et le noir, couleur de deuil dans nos contrées, comment faire pour lui donner vie ? … sur la coque d’un bateau au milieu d’une mer moutonneuse, ou bien sur le dos d’un scarabée endormi sur le sable blanc, brillant sous le soleil, sur les ailes d’une sterne en plein vol, sur fond de ciel bleu, oui, mais, sur des pétales de roses, dont le vert un peu pourpre des feuilles accentue la noirceur, il n’y parviendra jamais. Il n’aime pas cette femme, elle est aussi noire que ces roses qu’elle affectionne. Elle est venue à son exposition, dans la galerie Saint Martin. Elle a vu ses toiles, riches en couleurs, pleines d’un sentiment exaltant de vie. Pourquoi avoir demandé de peindre ses fleurs tristes et droites dans leur vase assorti ? Sur fond de jardin coloré, de buissons ardents, d’herbes folles d’un vert tendre et d’arbres flamboyants, une pointe de noire, bien vivante, aurait donnée tout son charme à la scène, mais des roses dans un vase !
Il a accepté cela comme un défit et il a toujours relevé ses défis. Pour l’heure, il doit sortir, un peu d’air frais lui remettra ses pinceaux en place. Le parfum entêtant de ces roses l’écœure N’eût été cette femme qui les avait choisies, il les aurait peut-être aimées, mais, elle, elle pue l’argent, son arrogance, le pouvoir qu’elle exerce sur les autres, tout cela la rend malfaisante à ses yeux. Il parait qu’elle est belle ? Et bien ce n’est pas lui qui se retrouvera dans son lit. Si son idée de tableau était un moyen de l’attirer dans ses filets, elle n’avait pas choisit le bon appât.
- Je sais que vous aimez les défis, vous allez me prouver que vous pouvez peindre autre chose que toutes ces couleurs chatoyantes…
Même les natures mortes sont plus vivantes que ces roses dans leur vase en terre ! Mais elle a raison, il aime les défis.
Elle met à profit le temps qui lui est nécessaire pour faire ce tableau et il doit la supporter tous les jours dans son atelier. Son parfum mélangé à celui des roses l’incommode, il doit prendre sur lui pour rester poli et il subit ses approches sans mot dire car il avait vu juste, elle le veut.
Le bouquet s’est fané. Il est aussitôt remplacé par un autre en tout point identique, le fleuriste la photographié pour pouvoir le reproduire. Il aurait du lui donné la photo, il aurait échappé au parfum.
A chacune de ses visites, elle s’esclaffe :
- Magnifique, superbe, je savais que vous pouviez tout faire.
Elle ne voit pas que ces fleurs n’ont pas d’âme ? Il ne parvient pas à les faire vivre. Inutile de lui expliquer, ces fleurs lui ressemblent, elle ne comprendrait pas.
Un soir, à son passage.
- Splendide, cette fois, il est terminé, je l’emporte. Samedi soir je donne un cocktail en votre honneur, il sera en bonne place dans mon salon. La touche finale, la signature.
Il a essayé de lui dire qu’il devait faire une retouche ici et là. Elle n’écoute qu’elle-même.
Il a mis son costume. Il est à l’heure. Il y a déjà beaucoup d’invités. Elle est devant son tableau la main tendue, elle le montre à tout le monde et quand elle le voit arriver, elle le prend dans ses bras.
- C’est lui, l’artiste, venez que je vous présente à tous.
On le félicite, on ne savait pas qu’il pouvait faire ça, ça ne lui ressemble pas, c’est vraiment un grand artiste, quel talent, pas facile de faire ressortir tant de beauté dans un tableau si sombre, lui qui ne joue qu’avec les couleurs.
Elle minaude, elle se serre contre lui.
- Je vous avais bien dit que c’était un dieu, c’est mon trésor, ma découverte.
-
Les invités sont partis. Elle a réussi à le retenir. Il a dit non…
Gisant sur le plancher, était un homme mort, en habit de soirée, un poignard au cœur. Ce ne fut qu’à ses bagues qu’ils purent reconnaître qui il était.

claudine

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Date d'inscription : 16/03/2010

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