Le mariage d’Aglaé.

(interdit d'interdire, mais dans la famille vampire, le père n'aime pas le petit ami de sa fille, que va-t-il faire ?)

- Aglaé ! viens ici, s’il te plait.
- Oui, papa, j’arrive.
Il la regarde arriver, planant doucement sans les airs. Comme elle grandit vite, se dit-il. Furtivement, il essuie une larme avant qu’elle ne se pose à ses pieds, se transformant en une adorable adolescente de quatre vingt huit ans. Dans douze ans, elle sera majeure et il ne pourra plus la retenir auprès de lui. Depuis le décès de sa mère, mi-vampire, mi-humaine, elle est devenue sa raison de vivre. Pour l’huer, il doit lui parler de sa fête d’anniversaire. Nombres d’amis, vampires, monstres, zombies ou autres morts-vivants sont invités au château. La fête va être grandiose. Mais comme tous les ans la question qu’il redoute arrive.
- Papa, tu m’as promis que je pourrais aller voir dans le village d’humais à la frontière du domaine. Je peux y aller cette année ?
- Oui, mon ange, mais je resterai à quelques battements d’ailes derrière toi.
Son nez se plisse. Elle n’est pas contente.
- C’est la condition, ou tu n’y vas pas.
- J’y vais. J’y vais, nous y allons.
Elle lui saute au cou. Il n’a jamais pu lui résister quand elle fait cela.
- On y va ?
- Maintenant, mais…
Elle lui prend la main et le tire. Deux vampires glissent dans les nuages. Le grand suit le petit. Le village est en vu. C’est la nuit. Seuls, trois ou quatre lampadaires éclairent faiblement les rues. Aglaé se pose sur une fontaine, au milieu d’une place. Son père reste en arrière. Une porte s’ouvre. Un jeune homme sort. Aglaé ne bouge pas. Il la voit.
- Oh, une chauve-souris, que tu es belle.
- Je suis un vampire, monsieur.
- - excuse-moi petit vampire. Tu es tout de même très joli.
Resté en retrait, papa n’apprécie pas du tout ce qu’il voit. Il s’approche et oblige Aglaé à rentrer. Elle est très en colère, mais elle connait aussi les colères de son père. Elle obéit. Les jours, les semaines passent. Aglaé se languit dans la journée, mais tous les soirs elle sort en cachette pour retrouver son ami. Son père finit par se douter de quelque chose. Il découvre le pot aux roses et il enferme Aglaé dans une cage.
- Tu ne sortiras pas avec un humain, jamais. Ils sont méchants, ils ne nous aiment pas.
- Léopold aime les vampires, lui, et je vais l’épouser.
- Tu attendras d’avoir cent ans pour faire ce que tu veux.
- Tu as bien aimé maman et était à moitié humaine.
- A moitié, oui, et elle est morte, à cause des humains. Je ne veux pas que tu meures.
- Je l’épouserai ou je mourais dans cette cage, à toi de choisir. Tu veux veux avoir ma mort sur la conscience ?
De rage son père claque la porte. Adossé au mur, il l’écoute pleurer. Je suis un vampire, soit ! Mais je suis aussi un papa, elle est bien capable de faire une bêtise, cette tête de mule. Une nuit en cage ne lui fera pas de mal. Il part. Regagne sa chambre et s’allonge. Le sommeil ne vient pas. Il se lève et va au village. Il va voir Léopold. Il va lui parler. Ou lui sucer le sang. Le problème sera réglé. Son Aglaé restera avec lui pour toujours. Ou pas !