Une bouteille à la mer.

Le GI.

ETRETAT le 6 juin 2016.

Bonjour à vous qui me lirez, qui que vous soyez.
Je m’appelle Ludovic et si je pends mon stylo et du papier, en ce jour anniversaire du débarquement, c'est que je cherche un homme. Un homme qui a beaucoup compté dans ma vie car il a sauvé mon père il y a 72 ans.
Sans lui, je n'existerai pas. Je n'aurai pas rencontré ma femme avec qui je coule des jours heureux depuis vingt cinq ans. Je n'aurai pas eu deux enfants qui font ma fierté. Je ne serai pas en passe de devenir grand-père, merci à ma fille.
Sans vous monsieur l'inconnu, que serait ma vie ?
Je vous la dois autant qu'à mon père.
Vous vous appelez Jerry. Je n'ai que votre prénom. Mon père s'appelle Marcel. Vous l'avez sauvé des tirs allemands dans les landes à cinq kilomètres d' Etretat en vous couchant sur lui pour le protéger. Votre différence d'âge était minime, sept ans seulement. Aujourd’hui, à l’heure d'internet, c'est à la mer que je confie cette lettre. J'ai cherché partout sur la toile, en vain. Je n'ai pas assez d'éléments.
Vous qui trouverez cette bouteille, je l'espère, sur la côte américaine, faites-moi un signe.
Mes coordonnées suivent ces quelques lignes. Déjà je vous remercie de me lire.
Aléa jacta est !