tableau, enfin une copie, de van gogh

Quel temps superbe, le soleil brille, une brise légère nous caresse tendrement, on est bien.

- Attention ! Que faites-vous ? Aie !

Un homme est en train de m’arracher à ma terre natale.
Serrons-nous les unes contre les autres, j’ai la sensation qu’il va toutes nous cueillir, nous allons mourir, jetées lamentablement sur le sol, nous desséchant sous les rayons du soleil.

Tiens ! Il nous prend dans ses bras, il nous berce.
C’est autre chose que les bercements du vent mais c’est bien agréable.
Il nous parle doucement, il nous hume, désolées, nous ne répandons pas une aussi douce fragrance que les roses nos cousines.

Le vent s’est arrêté, le soleil s’est caché. Il fait sombre.

Il nous pose sur une table… attention, il a pris des ciseaux, il va nous tuer, il voulait se cacher pour le faire.

- Mes racines ! Donnez nous à boire, vite.

Il sort un vase, le rempli d’eau fraiche. Il est joli ce vase, sa robe se marie bien avec les nôtres.
Il nous prend toutes et nous dépose délicatement une à une dans l’eau fraiche.

- Merci.

Je savais bien que tu étais gentil, je lavais compris quand tu chuchotais à nos oreilles.

Ici, près de la fenêtre, nous serons bien. Le soleil nous chauffe à nouveau à travers les carreaux. Mais que fais-tu ? Pourquoi mets-tu ce chevalet et cette planche juste devant nous, ils bouchent la vue, nous voulons voir ta maison.

Ah, tu t’assoies devant.

Coucou, oui nous sommes là. Tu veux un sourire ? Ne me regarde pas aussi intensément, tu vas finir par me faire rougir et ce n’est pas ma teinte naturelle.
Regardez les filles, il y a un miroir derrière lui, on voit ce qu’il fait. Il a pris un crayon et il fait des grands traits. Il dessine notre vase. Maintenant, il prend un pinceau et de la peinture.
Il est beau notre pot, tu l’as bien reproduit, et tous ces petits points jaunes au dessus, c’est nous ?

Attends, je penche un peu la tête pour mieux voir, oh pardon, tu ne veux pas, tu me redresses.

Tu es certain que nous sommes comme cela ? Tu nous peints avec les yeux de l’amour. Une rose est belle, nous, nous sommes rustres, un peu grossières, tu nous embellies !

Comme les êtres et les choses peuvent être différents selon qu’ils sont vus par des yeux aimants ou non.

J’ai eu peur quand tu nous as cueillies, ce matin et maintenant, je n’aurai pas assez d’une éternité pour te remercier de nous avoir immortalisées comme tu viens de le faire.
Je me croyais banale, quelconque, une peu fruste, tu as fait de moi et de mes congénères des reines de beauté aux yeux du monde entier.

Merci Van Gogh.