A deux, c’est mieux !

(une carte postale en noir et blancs, deux chats assis cote à cote)

Elle est plus petite que lui. Un peu plus jeune aussi. Et pourtant, ils ont déjà tant de souvenirs ici.
Elle est arrivée la première dans le quartier. Très vite, elle est sorite de son appartement pour aller découvrir les alentours. Elle profitait de l’absence de se parents pour se faufiler sur les toits. Là, elle se posait pour compter les étoiles et regarder la lune. Après ces minutes de rêverie à s’imaginer là haut sur un traineau, sa jeunesse l’incitait à partir en exploration. Elle aimait jouer, courir, sauter de toit en toit. Pour elle, ils n’étaient pas gris. Ici une lumière jaune sortait d’une lucarne. Là, une lumière rose provenait d’une chambre d’enfant. Plus loin, le scintillement de la Tour Eiffel lui faisait croire que c’était tous les jours Noël. Elle sautait d’une cheminée à l’autre. Grimpait sur l’échelle d’un mur pour s’élever encore un peu plus. S’agrippait aux pierres meulières de cet autre mur pour atterrir sur une terrasse. C’est là, sur cette terrasse qu’elle l’a vu, la première fois. Ils sont d’abord restés à se regarder sans faire un mouvement. Se toisant en silence. Dans la nuit, on ne voyait que leurs yeux qui brillaient. Il est parti. Elle est rentrée. Le lendemain, la curiosité étant la plus forte, elle est retournée sur la terrasse. Personne ! Elle a attendu, un peu. Elle a attendu encore. Puis encore un peu. Elle tournait le dos, prête à partir quand elle a senti une présence. Sa présence. Elle n’a vu que ses yeux. Dans le soleil. Pas besoin de paroles. Il s’est approché. L’a suivie. Depuis, il découvre son quartier. Lui qui venait de la campagne, il ne regrette plus son emménagement dans ce lieu qu’il trouvait sordide à son arrivée. Ensemble, ils admirent la tour Eiffel en plein jour. Ils ne sont pas sur les toits de Paris, ils sont chez eux. La tout Eiffel est un arbre géant. Les échelles sont des lianes. Les balustrades des montagnes. Les cheminées des lutins qui parfois leur font peur avec leurs ombres décharnées. Les lucarnes sont des lucioles qui changent de couleur au gré de leurs émotions.
Elle lui raconte. Il écoute. A deux, c’est mieux.