Daisy Nepsy. (on avait le titre)

Daisy a éteint la lumière. Elle est assise, seule dans le noir, dans un fauteuil dans le coin le plus sombre de son salon, le quartier de lune éclaire à peine la pièce. Heureusement, elle ne supporterait pas de voir, ne serait-ce que son ombre, elle ferme les yeux, une larme coule sur sa joue, elle est immobile.
La journée avait plutôt bien commencé. Sitôt la sonnerie du réveil, elle avait sauté dans ses chaussons, direction la salle de bain où une douche bien fraîche avait fini de la réveiller. Elle était en pleine forme. Elle chantonnait. Son travail lui plaisait, son patron et ses collègues étaient tous très sympathiques. Elle était de bonne humeur ce matin. Après avoir avalé son café sans sucre et mangé sa biscotte elle était partie pour le bureau. La matinée s’était déroulée comme à l’accoutumée, sans anicroche, marc lui avait même souri plusieurs fois. A midi, elle avait suivi ses collègues à la cantine et c’est là que tout avait commencé. Marc la suivait avec son plateau, en la voyant prendre une mousse au chocolat pour dessert, il lui dit :
- attention, Daisy, ce n’est pas bon pour toi, tu vas encore prendre un kilo et avoir des boutons sur la figure si tu manges trop de chocolat.
Pourquoi « encore » ? Comment savait-il qu’elle en avait déjà pris un la semaine précédente, elle s’était habillée de façon à le cacher, elle avait mis une gaine et une tunique longue…

Elle n’avait pas osé reposer la coupe de chocolat mais elle lui avait trouvé un goût amer. Pendant le repas elle avait essayé de tenir la conversation et même en l’orientant, elle avait réussi à savoir que Marc n’aimait pas les grosses, et Marc, c’était sa raison principale d’aimer son travail.
L’après-midi fut interminable, elle avait sorti son miroir de sac à main pour vérifier qu’elle n’avait pas de boutons. Elle avait très peu parlé absorbée par son travail et s’était très vite réfugiée dans son appartement le soir venu.
Là, en se démaquillant, elle les a vus, un sur la joue droite et l’autre sur le front, deux boutons affreusement rouges et puis en se déshabillant, c’est son ventre qui lui a sauté au visage, son regard descendant, elle a vu sa cellulite sur les cuisses. Elle a enfilé son pyjama en fermant les yeux et depuis, elle est là, dans la pénombre, pleurant sur son amour perdu. Marc ne la regardera jamais autrement que comme une grosse femme affreuse, une collègue !