LE DON DE SON CORPS A L’AUTRE

Je suis morte. Mes enfants me pleurent. Enfin, je l’espère ! Ils pleurent !
Les pompes funèbres arrivent. Leurs pleurs redoublent d’intensité. 3000€. Ils vont devoir payer ! Merci, maman !
Je suis désolée de vous faire ce coup là, mes enfants, je pensais bien durer un peu et je me suis renseignée pour donner ma carcasse à la science. Les apprentis potaches se seraient exercés au découpage sur mon corps abandonné, offert à leurs doigts malhabiles. Une couture par ci, un surjet par là ! Et un cœur, un, pour apprendre à suturer deux coronaires ensembles sans crainte pour le patient qui ne risque pas d’intenter un procès si le travail est mal fait !
« Donner » son corps à la science, ça coûte un peu plus de la moitié du prix d’une incinération ou d’un enterrement. C’est comme les vieilles bagnoles, vous devez débourser pour qu’on vienne vous en débarrasser.
Je voulais offrir ma mort et même cela, je ne le peux !
Abandonnez-moi, méconnaissable, parmi les sans domiciles fixes. Il est moins onéreux de « donner » ces cadavres aux étudiants que d’enquêter pour retrouver une famille susceptible de payer les frais occasionnés.
Pour la tranquillité de votre famille dans ces instants douloureux, prévoyez de payer vos obsèques !